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Ali Khodja Bey (1692 - 1700)

pont de sidi mcidIl usa beaucoup plus d'intrigues que de force pour s'imposer à ses débuts. Le calme rétabli, il s'occupa personnellement de la collecte des impôts destinés au « denouche». Son premier versement fut honorable et donna satisfaction au diwan qui préparait une nouvelle expédition contre Tunis. Celle ci fut entreprise au printemps 1694. Chaâbane Pacha voulut rétablir Mohamed Tchaker qui venait d'être battu et détrôné par Mohamed Bey, son parent. Celui ci, battu près de Kef se retira dans le Sud. Chaâbane Pacha rétablit son protégé sur le trône et rentra à Alger le 16 février 1695.

Quelques jours après, une délégation envoyée par Mohamed Bey vint à Alger solliciter du pacha un arrangement honorable. Celui ci lui signifia un refus catégorique. Mais habilement travaillée par les partisans de Mohamed Bey, la milice reprocha au dey son attitude intransigeante. Il expliqua alors à ses officiers que Mohamed Bey avait été intronisé grâce aux sacrifices des janissaires ; dès qu'il eut obtenu satisfaction, il préféra prendre les armes contre ses bienfaiteurs au lieu d'honorer ses engagements ; il ne pouvait donc écouter un tel personnage. Ces arguments pesèrent moins que l'or répandu par l'ex bey de Tunis. Le déséquilibre de la balance entraîna la chute du dey qui fut livré aux chaouchs exécuteurs (15 août 1695).

Ali Khodja Bey, par contre, poursuivit son gouvernement jusqu'en 1700. Mourad Bey de Tunis et Khalil Pacha de Tripoli d'un côté, et Moulay Ismaïl de l'autre envahirent l'Algérie (1).

(1) Selon l'usage, Mourad Bey Pacha de Tunis envoya au dey d'Alger la notification de son ascension au pouvoir, accompagné de cadeaux traditionnels, mais ces présents furent refusés dédaigneusement. Pour venger cet affront, Mourad Bey décida d’envahir le beylik de Constantine, et en vue d'assurer son succès, il s'entendit avec le sultan du Maroc Moulay Ismail, et le bey Khalil, Pacha de Tripoli. Histoire de l’ A.N. t.3, p.180 par L. Péchot.

Les deux premiers se présentèrent devant Qacentina au mois d'avril. Ali Khodja Bey fut battu dans deux sorties qu'il tenta successivement (2).

(2) Selon un auteur tunisien Ben Abdelaziz ", « Au Commencement de son règne - écrit il - Mourad Bey envoya des présents à la cour d'Alger. Soit haine, sait mécontentement, le, Algériens les refusèrent. Outré de colère et brûlant d'ailleurs du désir de venger la mort de son père, Il n'eut plus d'autre pensée que de diriger contre eux une expédition. Il dissimula son dessein jusqu’au commencement de l'année 1112 (1700) époque où convoquant le diwan, il communiqua aux conseillers et aux chefs militaires son plan d'attaque contre la puissance d’Alger.

Sur la réponse de l'assemblée : « entendre c'est obéir », Il réunit ses troupes, qu'il augmenta de nombreuses recrues, et fil mettre en état tout le matériel de guerre. Puis il écrivit à Khalil Bey, gouverneur de Tripoli pour lui demander aide et assistance dans la campagne qu'il allait ouvrir. Après tous ces préparatifs, il se mit en marche à la tête d'une colonie qui traînait à sa suite 25 canons.

A peine se fut il approché de Constantine, que le bey de cette province, AIi-Khodja, se porta à sa rencontre. Les deux armées en vinrent aux mains, et Ali Khodja fut mis en déroute, après avoir essuyé des pertes considérables.

Mourad Bey fit couper la tête des morts et les envoya à Tunis avec ordre de les sceller aux créneaux de la Kasbah. Dans une seconde bataille il fit prisonniers, le fils d'Ali Khodja ainsi que sa femme, et les traita avec égards et générosité.

Il fit un grand carnage parmi les prisonniers. Les habitants de Constantine fusent découragés par ce revers, et conçurent le projet de lui livrer la ville... Il laissa plusieurs jours s'écouler dans l'inaction mis à profit par les assiégés pour renforcer leur défense…Repoussé dans un assaut, Mourad Bey tenta vainement de leur faire accepter l'aman. Il recommença l'attaque avec une énergie nouvelle et s'empara d'une forteresse située en dehors de la ville. Après avoir égorgé tous les hommes qui la défendaient, enlevé le butin et envoyé à Tunis les canons qu'elle renfermait, il la détruisit de fond en comble, ne laissant à sa place qu'un monceau de ruines.

Au milieu de ces événements, Khalil Bey, gouverneur de Tripoli, vint le rejoindre. Mourad bey lui offrit un caftan d'honneur et des présents considérables. Ils commencèrent de concert le blocus de Constantine qui dura cinq mois. Mourad~Bey était sur le point de s'en rendre maître, lorsqu'il apprît que l'armée des Algériens s'approchait. Ceux ci n'ayant aucune confiance dans leur chef, à cause de son manque de courage et de sa nullité, l'avaient déposé et S'étaient choisi un autre emir... Les deux armées se trouvèrent en présence dans un lieu nommé Djouamâ El Eulma, sur la route de Sétif. Mourad Bey voulut engager le combat, ses lieutenants lui conseillèrent de prendre d'abord du repos... La guerre s'alluma, et les deux armées S'entre choquèrent. Alors tourna la meule de la guerre, et le feu de la destruction s'alluma de toutes parts. La mêlée devint si compacte, qu'on ne pouvait plus respirer.

Profitant du désordre général, Khalil Bey prit la fuite avec ses cavaliers. Il y eut une méprise. On crut d'abord que c'était Mourad Bey qui lâchait pied ; une grande partie de sa cavalerie fut mise en déroute. Cette scène ranima l'ardeur des Algériens ; ils chargèrent vigoureusement et mirent les Tunisiens en déroute.

Le lendemain de la victoire, le pacha d'Alger fit annoncer aux prisonniers barbares qu'ils eussent à se réunir au milieu du camp, pour recevoir l'action et être conduits sous escorte en lieu de sûreté. Mais ces malheureux ne furent pas plus tôt rassemblés, qu'on les passa tous au fil de l’épée.

Après les avoir exterminés tous jusqu'au dernier, le pacha d*Alger condamna les prisonniers turcs à porter sur leurs dos, jusqu'à Constantine, les canons conquis sur les Tunisiens ; puis il les envoya sains et saufs.

Quant à l'armée en déroute, Mourad Bey la rallia sous les murs de Kef, ordonnant à ceux qui la composaient de se diriger vers Tunis. Il pensait que les Algériens le suivraient. Il entraîna de la même façon, vers la capitale, les habitants de Tubersok et de Testour, ainsi que les populations circonvoisines faisant tous les préparatifs d'une défense énergique. Dans ce but, il fortifiait les portes de la ville, remettait sur le pied de guerre la cavalerie et l'infanterie, lorsqu'il apprit que les troupes algériennes étaient retournées dans leur pays ».
Journal Asiatique N° de juillet, p. 36 et suivantes, par Charbonneau.

Le siège se resserra peu à peu autour de la ville ; l'arrivée de nouveaux contingents tripolitains permit à ceux ci de s'emparer d'un fort extérieur couronnant le Coudiat Aty, que les artilleurs défendirent jusqu'au dernier souffle.

En dépit des appels désespérés parvenant de Qacentina, Hassan Chaouch-Pacha, le successeur de Chaâbane Pacha, demeura sans réaction. Outrée par cette passivité incompréhensible, la milice se révolta. Hassan Chaouch Pacha abandonna son poste et disparut dans la nuit en s'embarquant vers Istambul. Le premier soin de son successeur, Hadj Mostefa Pacha fut de réunir toutes ses forces d'Oran, du Titteri et d'ailleurs et de partir à marches forcées sur Qacentina.

Dès que Mourad Bey apprit 1’arrivée prochaine de ces troupes, il partit au devant d’elles. L'affrontement eut lieu le 3 octobre 1700 à El Eulma près de Sétif. Les Algériens eurent rapidement le dessus et mirent l'armée tunisienne et tripolitaine en déroute. Mais au lieu de compléter sa victoire en poursuivant les fuyards, Hadj Mostefa Pacha se contenta d'assainir les environs de Qacentina et d'y installer un nouveau bey en remplacement de Ali Khodja tué pendant le siège.

De retour à Alger, le Pacha adressa à la Porte une réclamation contre l'agression injustifiée de ses voisins. Le sultan tenta de faire imposer une transaction sous forme de traité, mais Mourad Bey, pacha de Tunis s'y refusa catégoriquement, considérant les propositions d'Alger comme humiliantes.

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