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Livre d'Or

Mohamed Menamenni Bey Ben Khan (déc 1824 - jul 1826)

bab el kantara Originaire de Menamen en Turquie, il était janissaire en retraite ne crut pas à ses oreilles quand le kaïd dar le salua, du titre de bey en se présentant en son domicile. Mais lorsqu'il eut ouvert le firman du pacha et qu'il lut par ses propres yeux, édifié, il ne retint plus sa joie. Il se hâta d'enfourcher la jument de l'ex bey pour quitter sa modeste demeure pour aller habiter la somptueuse demeure des beys (1).

(1) C'était un jour de vendredi. A l'heure où la voix du Mouezzen appelait du haut du minaret les habitants à la prière, deux cavaliers inconnus, à l'air mystérieux, mettaient pied à terre devant le palais des beys ; et, avisant le Kaïd Dar qui, en ce moment, faisait ses ablutions préparatoires, lui demandèrent d'un ton poli mais froid, si Brahem Bey était encore dans ses appartements.

A en juger par leur extérieur, le Kaïd Dar comprit que les deux voyageurs qu'il avait en face devaient être des personnages d'un rang distingué. Il leur répondit que le bey venait de se rendre à la mosquée. En même temps, Il donna des ordres pour qu'on les débarrassât de leurs bagages et qu'on les installât dans une chambre du palais. Puis, Il les quitta et se rendit à la mosquée de Souk El Ghezel où se trouvait le bey, pour le prévenir de l'arrivée des deux étrangers, et lui taire part des impressions qu'avaient fait naître en lui leurs paroles réservées et leur figure contrainte.

« Pendant ce temps, l'un des deux cavaliers, El Hadj Eulam, courait, les bottes encore poudreuses de la route, chez l'Agha en Nouba et lui remettait un paquet de dépêches qu'il avait jusqu’ alors tenues caché sous les vastes plis de son manteau. Au sceau dont Il était revêtu, l'agha reconnaît le Cachet du pacha d'Alger. Il brise l'enveloppe et lit : c'était un ordre d'arrêter le bey.

« Immédiatement, Il fait prendre les armes à une compagnie de soldats et se transporte avec eux à l'entrée de Souk El Ghezel. Les échos de l’enceinte sacrée redisaient encore les derniers murmures des enfants du Prophète, et le bey relevant son front qu'il avait tenu prosterné devant l’Eternel, pour reprendre le ton du commandement, se disposait à sortir et donnait déjà des ordres pour qu'en fit avancer sa jument, lorsque des mains brutales s'abattirent sur ses épaules, Il fut saisi, lié et conduit à la Casbah. En même temps l’agha chargeait le Kaïd Dar de se rendre à la demeure de Manamenni et de lui amener la jument de l'ex bey. Manamenni s'entendant saluer le bey, était si loin de s'attendre à un pareil honneur, qu'il ne put d'abord en croire ses oreilles. Mais lorsqu'il eut ouvert le firman du pacha et qu'il se fut par ses propres yeux assuré de la vérité, Il ne contint plus sa joie et se hâta de quitter la demeure de ses pères, pour aller habiter la somptueuse, mais trop dangereuse résidence des beys ». Vayssettes – « Les derniers beys de Constantine ». p.120.

Rien ne désignait Menamenni à ce poste. Homme modeste, peu instruit, Turc de naissance, il ne parlait que difficilement l'arabe. Il ne s'est pas intégré alors qu'il vivait depuis longtemps à Qacentina. Sectaire, il n'aimait ni les kurughlis ni les autochtones. Après sa retraite il ne bénéficia que de charges sans importance telles que kaïd djeled ghenem (peaux de moutons) et kaïd cheîr (orge).

Pas initié aux affaires politiques et administratives, on lui imposa le makhzen suivant : Bakir Khodja, Khalifa ; Mostefa Labied, kaïd dar ; Abdallah Zekri, bach serradj ; Bouzian El Eulmi, agha deïra ; Hadj Abderrahmane Ben Naâmoun, bach kateb ; Semmari, bach mekahelli ; Mahmoud Tchaker, kaïd el ouissi ; Mohamed Sedrati, bach chaouch.

Sa première sortie fut dirigée contre Sédrata Cheraga entre Guelma et Souk Ahras. On ne sait pour quelles raisons il fit arrêter Ahmed El Hamlaoui et exécuter Ben Ameur au cours de cette expédition, probablement à la suite d'intrigues des membres de son entourage auxquelles il s'était laissé prendre.

Rentré à Qacentina, il laissa le soin à ses kaïds de poursuivre les razzias contre les Ouled Derradj et les Ouled Naïl, mais ils furent partout repoussés, abandonnant jusqu'au butin qu’ils s’étaient constitués ailleurs.

Bakir Khodja fut remplacé au poste de Khalifa par Mahmoud Tchaker, déjà connu pour son caractère cruel, sectaire et borné. L'âge n'altéra en rien ces défauts. Abusant de sa haute position, il se livra, une fois de plus, à des actes inqualifiables pour satisfaire sa cupidité et sa haine envers ses adversaires. La justice était rendue à prix d'argent, les amendes frappaient indistinctement l'innocent et le coupable, les arrestations arbitraires se multipliaient, et les prisonniers ne recouvraient leur liberté qu’en, payant de grosses sommes. Tous ces excès, le bey ne les ignoraient pas mais, il n'avait pas, l’autorité voulue pour s'imposer à un homme tel que Mahmoud Tchaker. Mais le diwan et le dey le surent, Ils décidèrent d'y mettre fin.

Mahmoud Tchaker fut convoqué à la Cour d'Alger où il fut entendu. Il fut révoqué et remplacé par kaïd Sliman, et Menamenni Bey reçut un blâme (2).

(2) « Vous n'avez, jusqu’ici, lui écrivait le Pacha, fait preuve que d’insolence et de faiblesse. Nous vous avions établi notre représentant sur la province de l'Est ; Nous vous avons investi d'une autorité presque égale à la nôtre, et vous avez lâchement abdiqué le pouvoir pour le remettre aux main d’un insensé, d'un prévaricateur qui ne consultant que sa cupidité et son caprice, pille le trésor, juge, condamne, fait jeter en prison qui bon lui semble. Et tout cela se passait sous vos yeux, et vous le laissiez impunément faire ! Une telle conduite de votre part est vraiment inexcusable : nous ne pouvons que la désapprouver ».
« Histoire de Constantine sous les beys" Vayssettes p. 379

La situation ne s'améliora guère et son autorité demeura précaire. Il fallut l'intervention de Yahia Agha avec ses troupes d'Alger pour ramener le calme dans l'Oued Sahel. Quand l'agha quitta la région, l'insurrection reprit de plus belle, le bey confia la mission de la combattre aux garnisons de Zemmoura, Bejaia et El Koll, mais celles ci, composées d'effectifs réduits n'en purent venir à bout.

Craignant l'hostilité du diwan il tenta en juillet 1826 d'éviter de présenter lui même le denouche, mais il en reçut l'ordre et fut obligé de se rendre lui même à Alger. Le pacha lui fit ressortir son incapacité à gouverner : manque de discernement dans le choix de ses collaborateurs, troubles permanents dans la province rentrées insuffisantes des impôts, etc... Il le laissa partir après les huit jours réglementaires passés dans la capitale, mais arrivé à Hamza, deux chaouchs se présentèrent en son camp et s'en saisirent. Il fut dirigé sur Koléa où il fut incarcéré. Il y était encore lors du débarquement des Français. Il y demeura et mourut en 1836.

Il fut remplacé par El Hadj Ahmed Ben Mohamed Chérif, petit fils de Ahmed Bey El Kolli.

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