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Livre d'Or

Redjeb Ben Ferhat Bey (1666 - 1673)

le pont el kantaraIl fit valider son titre par Ali Agha moyennant une forte indemnité à titre personnel et tous les biens de son frère versés au Trésor public. Il épousa sa veuve Aziza Bent El Bey (1).
(1) A la mort de son frère écrit Vayssettes Il avait épousé sa veuve la nommée Aziza bey, fille de Kaïd Ahmed Ben Ramdane et soeur de Chelebi Ben Ali Bitchine. Le mariage eut lieu à Alger, où il faisait alors sa résidence habituelle, et où il avait fait construire, pour cette épouse favorite la belle maison dite Dar Aziza Bey, qui fut par la suite affectée à la résidence temporaire des beys de Constantine, lorsqu'ils se rendaient à Alger Pour verser l’impôt du denouche.

En prenant la commandement de la province de l'Est, Redjeb dut quitter Alger Pour venir se fixer à Constantine, où il amena avec lui l’épouse qui avait captivé son coeur. Pendant des années ils continuèrent à vivre dans la meilleure Intelligence ; mais le jour allait enfin arriver où devait s'accomplir le drame sanglant qui rompit, d'une manière si inattendue, une union jusque là sans nuages,

C'était un dimanche, le 29 du mois de djoumad el ouwel, de l'année 1079 de l’hégire (4 novembre 1668). Dans le but de lui causer, une distraction et une surprise, son mari l'avait envoyée visiter le « moulin à Poudre » qu'il venait récemment de faire construire au Hamma.

Elle s’y rendit, suivie des servantes et des esclaves de sa maison, et en compagnie de Safia, autre femme du bey, et de se belle fille Fatma Bent Ferhat. Après avoir visité dans tous ses détails l’établissement nouveau, elles allèrent toutes ensemble au jardin dit « Haad el Ancel », situé non loin de là, et où elles devaient passer la nuit. Le reste de la journée fut consacré aux divertissements et aux plaisirs, et quand la nuit étendit son voile sur les mortels et que le ciel se parsema d'étoiles, alors chacune d’elles se retira avec sa suite sous la tente qu'on lui avait dressée, et le silence succéda aux joies bruyantes de la journée. Rien ne vint l'interrompre jusqu'au moment où brilla l'étoile du matin.

En ce moment, un homme, guidé par les premières lueurs du crépuscule naissant, pénétrait au milieu de ce gynécée, plongé encore dans les langueurs d'un sommeil, rendu plus profond par les fatigues de la veille. Cet homme était Ben Cherdad, le serviteur particulier, l’âme damnée de Redjeb Bey. Il alla droit vers la tente sous laquelle reposait Aziza Bent El bey, et, exécuteur Impassible des ordres de son maître, Il lui coupa froidement la gorge et, par neuf fois, lui plongea dans les entrailles la lame de sabre encore toute fumante du sang de sa victime.

Ainsi périt cette femme...

La narrateur à qui nous avons emprunté ce récit, ne nous dit rien de la cause qui amena une fin si tragique ; mais Il est à supposer que la jalousie en fut le mobile, Il ajoute que les funérailles de cette infortunée eurent lieu le lundi matin, dernier jour du dit mois de djoumad el ouwel, et qu'on lui éleva un tombeau.

Il commença l'exercice de son gouvernement en écartant tous les amis et partisans de son frère, des principales charges du beylik, qu'il confia à ses fidèles. Il s'attaqua ensuite aux cheikhs des Hanencha et des Douaouda auxquels il voulut imposer ce fameux impôt de "lezma" auquel ils ne voulurent jamais se soumettre. De ce fait, il remettait en cause l'équilibre et la paix difficilement acquis par son père et son frère.

Dans Cette lutte qui dura près de huit années, il enregistra souvent des victoires sur ses adversaires, mais aucune ne fut décisive pour imposer sa suprématie sur tout son territoire et particulièrement sur ces puissantes tribus. Ne pouvant donc vaincre la résistance du cheikh el Arab Ahmed Ben Sakhri Douadi, déjà vieux à cette époque, il résolut de le gagner en offrant Oum Hanni, sa fille, en mariage à son frère "El Guidoum".

Cette fille issue d'un Turc et d'une Espagnole avait, dit la tradition, « le sang chaud et le caractère viril ; aussi plait elle beaucoup aux Arabes nomades dont elle partageait les exercices à cheval, soit à la chasse, soit dans les réjouissances des nomades » (2). Oum Hanni exerça une grande influence sur son père Redjeb Bey. On dit qu'elle le poussa à revendiquer le titre de pacha en refusant de verser le "denouche" habituel ; Tentative qui lui coûta la vie. Baba Hassan gendre de Hadj Mohamed Pacha (1671 1682) ne lui laissa aucune chance de poursuivre ses desseins, il fut destitué et remplacé par Khair-eddine.

Il vécut encore un an et mourut en mars 1674

(2) Oum Hanni ne tarda pas à perdre son mari. Ahmed Sakhri en dépit de son âge l'épousa et adopta ses quatre enfants. Ahmed Ben Sakhri avait déjà une première femme du nom de Redjradja, fille des Ouled Haddad Ben Ayad qui lui avait donne deux fils, Mohamed et Ferhat, et une fille Fatma EIbelilia.

Après la mort de Redjeb Bey, la mère de Oum Hanni et son frère, expulsés de Qacentina, où leurs biens furent saisis, se réfugièrent auprès d'elle dans le Sahara. Or le frère de Oum Hanni, portant ombrage aux parents du chef douadien à cause de l'influence qu'il acquérait chaque jour par sa bonne tenue et ses manières distinguées, fut assassiné un jour à la chasse, à « Feïd-el-Gharek », entre Biskra et Sidi Okba, Oum Hanni, bien renseignée sur les auteurs du meurtre, inaugura sa vengeance en frappant son mari lui même. Elle s'entendit avec quelques notabilités bien dévouées à sa personne, et fit massacrer Ahmed Ben Sakhri pendant qu’il se promenait isolément à l'endroit nommé « El Heuch Bou Arous », situé à proximité de l’Oasis de Ourial. Elle se débarrassa ensuite, de la même manière, de plusieurs parents ou serviteurs de son mari soupçonnés de complicité.

Redjradja, la première femme de son époux, échappa de justesse à ses assassins, mais son fils Mohamed n'y échappa pas. Redjradja prit la fuite, emportant le cadavre de celui ci, qu'elle alla enterrer à Sidi Khaled, auprès du corps de son mari. Elle resta alors enfermée à Sidi Khaled sous la protection des marabouts de cette zaouïa, et sauvegarda ainsi l'existence de son fils Ferhat et de sa fille Fatma EIbelilia.

Oum Hanni fit tuer, un peu plus tard, Soliman Ben Djellab de Touggourt parce qu'il était parent de Sakhri et soupçonné d'être complice du meurtre de son frère. R.A. pp. 373,374.

Elle régna en maître sur sa tribu. Peyssonnel qui visita Qacentina en 1725, entendit beaucoup parler d'elle dans les milieux turcs qu'elle combattit non seulement pour sauvegarder l'indépendance des Douaouda mais aussi pour tirer vengeance de la mort de son frère.

Khair-eddine Bey acquit son alliance et son amitié en épousant sa fille. Ferhat El Guidoum, fils de Redjradja et de Ahmed Sakhri, finit par se révolter contre sa tyrannie. Battue et ses fils morts, elle se retira à El Eulma où on n'entendit plus parler d’elle.

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